Ventres jaunes de Thiers

Cette photo datant des années 1900 à Thiers, montre des aiguiseurs de couteaux également appelés ventres jaunes (en référence à la poussière jaune dégagée par la meule). En se couchant à plat ventre, les ventres jaunes évitaient à leurs dos d'être courbés toute la journée. Les ouvriers étaient encouragés à emmener leur chien, qui non seulement leur tenait compagnie, mais leur servait également de chauffage en se couchant sur leurs jambes.

Merci, très intéressant !

Là encore un peu plus de détails

https://www.observatoire33.fr/une-s%C3%A9lection-d-articles-rang%C3%A9s-par-th%C3%A8me/la-vie-en-jaune/les-ventres-jaunes/

Ce sont plus précisément des émouleurs, dont le travail consistait à transformer des lames brutes de forge en lames émoutes (oui oui, émoutes), en les débarrassant des traces de forge et de la calamine. Ensuite venait le montage du manche et enfin l'affûtage et l'affilage.
La position couchée permettait de porter tout le poids du corps sur la meule, laquelle baignait dans l'eau, d'où le froid et le chien sur les jambes.
Au fond de l'atelier, la photo montre la dimension des meules. Celles-ci sont probablement en attente du "piquemal" ou pique-meule qui viendra les rectifier au marteau avant qu'on les remette en service.
Les émouleurs n'étaient pas propriétaires de leur meule et ils louaient souvent leur place sur la planche au propriétaire du "rouet" (usine).

Deux cartes postales qui montrent deux aspects des postes d'émouleurs.
Sur la première, on voit la dimension des meules. Elles tournaient à très grande vitesse et parfois, elles explosaient, envoyant voler l'émouleur et sa planche.
Sur la seconde, rare photo d'une émouleuse ; les femmes étant presque exclusivement affectées au montage ou à l'essuyage.
On peut aussi voir que la lame est plaquée sur un morceau de bois, ce qui permet d'appuyer très fort dessus sans la tordre.
La deuxième photo montre aussi, appuyées contre le mur, des planches d'émouleurs en attente de l'ouvrier. Chaque émouleur avait sa planche, taillée à ses mesures, qu'il retirait en quittant son poste.
Du fait de la dangerosité de leur métier, les émouleurs constituaient une caste fermée et respectée. Le recrutement se faisant en interne, dans les familles d'émouleurs.

Merci du partage !

Oui, merci Toujours intéressant de voir comment travaillaient (ici péniblement) nos anciens

oui et très touchant

dans le coin on a aussi des "ventres jaunes" mais c'est pas des émouleurs
ce sont les bressans qu'on appelle comme ça

:super:Merci Rosa !

… Et merci à Half-Pint d'avoir initié ce beau sujet.

Trois nouvelles photos (crédit Bernard Arthaud).
Ateliers non chauffés, insalubres et au taux d'humidité extrême à cause de l'eau de la Durolle qui passe juste à côté et qui alimente la roue à aubes.


Il y a quelques décennies encore.
On peut voir les taquets qui permettent de baisser la planche de l'émouleur en fonction de l'usure de la meule


Le pique-meule en action, pour redonner du mordant à une meule encrassée et peut-être déformée.