La réponse ici - un peu longue mais éclairante - tirée du très rare mais non moins excellent ouvrage "
Contes et légendes de la céramique française" de Jean Mito aux éditions de l'Affabulateur, 1987 :
Fin 1970, Mark Amill, jeune acteur encore inconnu, est fou amoureux de Micheline, une jeune française qui, comme lui, a réussi à obtenir son diplôme d'actrice à la C. Kinnick High School en 1969. Par amour pour elle, il quitte sa famille, les USA et son teckel à poil dur Chewbacca pour la suivre dans la Drôme, à Dieulefit, où elle souhaite retrouver sa famille. Le jeune couple file le parfait amour jusqu'à ce que Micheline rencontre deux jeunes hippies, Kenobi, un jeune asiatique et Vador, un tchétchène au look ténébreux qui l'initient à la marijuana. Elle finira tristement esclave d'un proxénète, Jah-Bah, un jamaïcain obèse sans scrupule et grand amateur de narguilé.
Amill, écarté de son amour par ces personnages peu recommandables, déboussolé, erre sans but en proie au chagrin dans les rues de Dieulefit ; il est recueilli par un céramiste d'une quarantaine d'années, à la notoriété assise (voire parfois debout),
Jack Poussin, qui réalise de belles céramiques zoomorphes.
Touché par son histoire, Poussin l'accueille dans son atelier, lui offre le gîte, le couvert, parfois la blanchisserie et le forme au métier de potier.
Rapidement, le jeune Amill fait preuve d'une grande dextérité, le travail de potier est quasiment inné chez lui, tant au niveau du modelage que de la glaçure.
A l'époque, le patronyme de Mark s'écrivait encore Amill (d'où la signature "A" sur ses céramiques) ; par la suite, les producteurs de cinéma, trouvèrent que cela faisait plus classieux de mettre un H devant - et aussi pour une obscure histoire de justification typographique du texte lors du défilement des crédits au générique - mais cela est apocryphe.
Amill fait un rêve depuis tout enfant : il se voit combattre en une sorte de chevalier avec un immense sabre. C'est donc tout naturellement que cela devient sa signature sur sa production céramique (mais il rajoute quand même le "A" de son nom, pensant que cela fait plus sérieux). Bizarrement, il inclut ce personnage dans une sorte de triangle inversé, le nombre 3 étant son fétiche, comme une trilogie, là-aussi très prémonitoire.
Poussin, qui n'aime pas mettre tous ses œufs dans le même panier, finit par prendre ombrage (même par les jours fortement ensoleillés) de la notoriété grandissante du jeune potier, l'élève va dépasser le maître et les relations commencent à devenir tendues au sein de l'atelier. Le statut d'ouvrier d'Amill commence à lui peser.
Les années passent.
Fin août 1973, après la sortie d'
American Graffiti,
Georges Lucas prends quelques vacances bien méritées en France. Le cinéaste cherche également l'inspiration pour son prochain long-métrage mais celle-ci tarde à venir. Il sillonne notre beau pays et, grand amateur de ravioles, fait une halte à Dieulefit (où l'on dit que celles préparées par une certaine tata Ginette sont les meilleures du monde)
Au gré de ses promenades, c'est naturellement qu'il vient à l'atelier de Jack Poussin. Il rapportera d'ailleurs cette céramique qui servira de modèle de base pour les croquis préparatoires aux Tauntaun de Star Wars :
et découvre le travail de Mark Amill.
Très impressionné par le savoir-faire et le charisme du jeune padawan, les deux hommes sympathisent rapidement et Lucas prends même quelques cours avec lui comme témoigne cette très rare photo d'archive d'un merveilleux moment de complicité (photo archives Jack Poussin) :
La signature apposée sur les cérams ne cesse d'obséder Georges Lucas : on dit qu'en une nuit, après utilisation d'une grande quantité de schnouffe, le personnage de Luke Skywalker avait germé : un homme au sabre laser, jeune ouvrier cherchant à échapper à sa condition, l'histoire de Micheline esclave, les animaux fantastiques de Jack Poussin, jusqu'au nom des protagonistes, tout s'imbriquait naturellement dans son cerveau :
Amill, séduit par l'enthousiasme de Lucas, ravi de voir porté ainsi le petit personnage de son enfance à l'écran et galvanisé par la perspective du rôle titre (et d'un bon paquet de pognon), décide de repartir avec lui pour les USA. La suite, nous la connaissons tous.
Bien qu'il fut attaché à sa production céramique, Mark Amill devenu
Mark Hamill, n'avait rapporté qu'une petite quantité de celle-ci dans ses valises car Jack Poussin, la veille du départ de nos américains, avait saccagé dans un accès de fureur l'ensemble de la production de son jeune rival, avec un sabre... d'officier prussien dit-on.
Peu vendues et pour la raison évoquée plus avant, ces céramiques sont donc aujourd'hui évidemment très prisées et recherchées par les
abrutis fans de star wars, certains n'hésitant pas y mettre plusieurs centaines de milliers de dollars.
Cette étonnante anecdote à l'origine de l'un des monuments du 7ème art aurait dû rester secrète.
Las (ou plutôt fort heureusement pour les amateurs de céramiques), des observateurs attentifs, jouant de leur télécommande en faisant des pauses sur images, remarquèrent que la Princesse Leia buvait dans l'un de ces gobelets (enchâssé dans une monture métallique) dans la scène où elle est prisonnière de Jabba the Hutt :
Lucas, en souvenir du bon vieux temps de Dieulefit, avait bien naturellement accepté que l'accessoire à l'origine de la trilogie fasse un caméo dans Star Wars.
Il lui avait été offert par Hammill un soir d'orgie mémorable sur le tournage (où le jeu favori d'alors sur le modèle "Where's Charlie ?" était dénommé "Where's Carrie ?" (polaroïd d'époque ci-dessous) - l'on imagine sans peine ce qui devait se passer, je... oh my god... excusez-moi) :
Un autre très rare cliché de Carrie Fisher brandissant le gobelet dans l'une de ces scènes de beuverie (photo d'époque, auteur inconnu) :
Ces révélations incroyables ont été confirmées sur le lit de mort de Carrie Fisher qui ne souhaitait pas emporter ce lourd secret dans la tombe. Mark Hamill et Georges Lucas se sont toujours refusés à tout commentaire sur ce sujet.
L'on dit également que ce gobelet bleu aurait du servir de Graal lors du tournage d' "
Indiana Jones et la dernière croisade", mais Harrison Ford, ce petit âne, l'ayant pété lors des répétitions, il lui fut préféré une
très ennuyeuse simple coupe en grès de Gustave Tiffoche.
("Chérie, viens-voir ! Le tampon gt ! J'viens de chiner un Tiffoche !")
(p...., j'ai vraiment rien à foutre...)
Belle pioche bouziguette