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Et pour faire aussi succint que ta présentation...
VE pour Etienne Vilotte
http://www.mairie-ciboure.com/ville/ciboure-et-les-arts/la-poterie-de-ciboure/index.html?L=0%27
LA POTERIE DE CIBOURE
Racontée par Max FISCHER son dernier propriétaire
En 1919, avec la paix retrouvée, Louis Benjamin FLOUTIER, le peintre né à Toulouse en 1882, Lukas dont on ne sait qu’une chose, c’est que c’était un excellent tourneur, et Etienne Vilotte, né en 1881 à Vichy et qui était ébéniste de profession, se réunirent pour fabriquer de la poterie. En plus, monsieur Vilotte devait avoir quelques économies, ce qui est utile dans ce genre d’entreprise.
J’ai beaucoup appris en écoutant monsieur Vilotte lui-même, ainsi qu’en compulsant les livres de comptabilité tenus par madame Vilotte, et en lisant ceux-ci, me reviennent des noms de la région comme Lesgourgues, Victor, Labath, René, Préau, mais aussi des patronymes révélateurs des troubles européens qui commençaient, comme Granowsky, Frankel, Volovitch, Citrinovytz, Indenbaum, Kogan, Smirnoff…, décorateurs ou potiers ? A cette époque, les pièces n’étaient pas signées.
Les trois créateurs de la Poterie de Ciboure débutent en 1919. Pourquoi Ciboure ? Louis FLOUTIER avait épousé une Luzienne, et les deux autres associés auront été conquis par la beauté du pays, comme plus tard mon père, ma mère et leurs enfants…
La poterie est installée d’abord dans un ancien chai à baleinières, acheté à monsieur Imaz et situé sur la rive gauche de la Nivelle. On y construit un four, on y détermine un style de travail qui perdurera jusqu’au 31 décembre 1995, à savoir : façonner des poteries en grès, déterminer les couleurs, les mettre au point, cuire à 1300°, afin que les poteries soient parfaitement vitrifiées.
Etienne Vilotte, qui n’est pas du métier, se révèlera génial. Après avoir fait mes études de céramique, j’ai trouvé des croquis, des projets de four (ceux que nous avons utilisé jusqu’en 1963 étaient de même conception), ainsi que des formules d’émaux, le tout surprenant !
La « Poterie de Ciboure » en tant qu’entreprise, est fondée officiellement début 1922 par Etienne et Elise Vilotte seuls, les deux autres associés ont abandonné… Louis FLOUTIER vit à Saint-Jean-de-Luz jusqu’à sa mort en 1936, apparemment sans problème avec les Vilotte, donc rupture à l’amiable. Quant à Lukas, sans nouvelle, je crois qu’il est parti le premier, puisque remplacé au tour par Adrian Esteban, un tourneur d’Extremadura, qui a fait souche à Ciboure et dont les descendants s’appellent encore « Pottero ».
La première marque de fabrique, utilisée de 1919 à 1921, est une espèce d’empreinte d’ours, à première vue du moins, car de plus près, cette tâche est gravée de traits que l’on peut aisément déchiffrer : un V pour Vilotte, un L pour Lukas et un F pour FLOUTIER. Certaines pièces sont signées LF pour FLOUTIER, LVK pour Lukas. Ces deux, souvent associés, accompagnent la première marque. A signaler également la signature « Jean Léon » très rare, et dont on ne sait presque rien.
A partir de 1922, les signatures disparaissent sauf rareté (ALMES) et les pièces sont tamponnées.
Depuis 1945 et durant une dizaine d’années, mon père a utilisé l’ancien tampon de monsieur Vilotte, puis le sien que j’ai utilisé moi-même avant d’utiliser le mien très tardivement.
Le grand bâtiment de la Poterie a été construit par Elise et Etienne Vilotte en 1930 et détruit en 1997 pour construire une résidence. C’est là que s’est déroulée l’histoire de la Poterie.
Il y a eu plus de décorateurs que ceux que j’ai cités, la liste est incomplète puisque Pedro Garcia de Diego, (qui est devenu mon beau-père par la suite) a commencé en 1927, et Richard Le Corrone aussi, avant la guerre, par intermittence.
Avec la guerre, la Poterie s’est retrouvée sans personnel, sans matière première, sans combustible… et en 1945 mes parents, très intéressés par la fabrication passée, rachètent l’entreprise. Tout était à refaire, remettre un mélange de terres au point, rééquilibrer les colorants sur ce support, reconstituer le personnel. Le premier fut monsieur Floucault décorateur, puis Adrian Esteban tourneur, Richard Le Corrone décorateur de retour de captivité, Pedro Garcia de Diego décorateur de retour de camp de concentration, Andrée Le Corrone potière, Maria Fernandez, Henri Touton, Maurice David décorateurs, Godinzio Borghini chauffeur, Jean Billereau potier, Max Fischer céramiste, Carmen Garcia-Fischer décoratrice, Roger Berné décorateur, Yves Berho potier, Piarres Berho chauffeur, Paulette Darritchon, Germaine Kugler, Jeanine Burguet potières, Madeleine Moreau-Lamerain décoratrice, Marie-Claire Kugler-Lestrade, Ignacia Olano-Garcia potières, Anne-Marie Grillard-Laborde décoratrice, Marie Guedes-Da Veiga émailleuse et vendeuse, Cadet Recatumy émailleur, Armand Grillard, Kattin Mendiburu potiers, Geneviève Berrouet, Monique Ordoqui, Anita Hacala-Le Corrone décoratrices, Madeleine Saussié-Hardoy, Pascal Marrec, Gabriel Hedouin, Max Laforcade potiers, Louisette Aquerreta-Alcaide notre dernière vendeuse. Cette liste ne tient pas compte des vendeuses saisonnières.
La période d’activité de mes parents a été soutenue par un fort courant économique, et la créativité soutenue par de très belles pièces signées R. Le Corrone et P. Gracia de Diego, ainsi que par ma mère, Suzanne Fischer, dont les créations « Jorraila » reprises par d’autres, dont R. Le Corrone, ont eu un succès mérité. Les styles « Arroka », ainsi que « Alexa » et « Clara », sont aussi des réalisations de ma mère.
Au début des années 70, la situation économique se dégrade, principalement pour les métiers de main-d’œuvre et l’artisanat d’art en particulier. Le poids socio-économique nous force à une adaptation rapide et, malgré une dernière tentative avec Arantxa Etcheverria-Besga décoratrice, Christian Prat, Patrick Bernard et Jean-François Servier potiers, il apparait que la seule possibilité d’exercer notre métier à un niveau de qualité satisfaisant, est l’artisanat pur entre ma femme et moi, ce nouvel équilibre nous permettant d’améliorer notre production avec davantage de créativité, et l’exécution de nombreuse commandes spéciales (très riche terrain pour collectionneurs pour de nombreuses années).
Nous avons eu ainsi la possibilité de réaliser de nouveaux genres de décoration, tant au pinceau avec de nouveaux décors floraux, décors traitant des foires paysannes, pêcheurs…, qu’avec des décors d’émaux de grand feu dont j’ai repris les recherches dès 1978, et également des pieds de lampes repercés et émaillés, laissant à la lumière toute sa valeur.
Et puis l’âge de la retraite est arrivé, avec sa date butoir du 31 décembre 1995. La suite… l’avenir toujours surprenant, nous la contera… il a été question d’un écomusée…
Pour terminer, je veux dire un grand merci à tous nos collaborateurs qui nous ont aidés durant trois générations, à réaliser les poteries de Ciboure. Un grand merci également à tous nos acheteurs inconditionnels qui, par leur soutien, nous ont permis de mener à bien cette belle aventure.